mardi 8 mai 2007

Rick Moody nous dit son admiration pour Beckett

Regarding Beckett

Beckett was at the centre of a contemporary dancing project we did with Maggy Marin’s dance company. In our class, the opinions concerning this writer were varied.
Some of us didn’t like Beckett’s “dry” and oppressing writing style and wondered if he wasn’t writing just to write something. Others liked his modernity, his originality. That was not a book to be read but rather to be performed.
For your writing of “Drawer” and “Boys”, didn’t Beckett influence you?

Beckett has been hugely important for me. In college, he was the writer above all others. At a certain point, I had to stop reading him, because he was TOO influential. It was obvious. With these sorts of things you have to let the influence kind of dwindle away after a while. So I haven't read him as much in the last fifteen years or so. But I still love him. I think maybe he is not as good for teenagers as for young adults, and I suspect that some of those who resisted him in this encounter will like him better in ten years.


    En ce qui concerne Beckett :

Beckett a été au centre d’un projet de danse contemporaine que nous avons réalisé avec la compagnie de Danse de Maggy Marin. Dans notre classe, les opinions sur cet auteur étaient variées. Certains d’entre nous n’aimaient pas le style d’écriture sec et oppressant de Beckett et se demandaient s’il n’écrivait pas juste pour écrire quelque chose. D’autres ont aimé sa modernité, son originalité. Ce n’était pas un livre à lire mais plutôt un livre à mettre en scène.


Lorsque vous avez écrit les nouvelles : « Le Tiroir » et « Les Garçons », étiez-vous sous l’influence de Beckett ?


Réponse : Beckett a été très, très important pour moi. A l’université, il était l’écrivain qui surpassait tous les autres. A un certain moment, il a fallu que j’arrête de lires ses œuvres car il avait trop d d’influence sur moi. C’était évident. Dans ces cas là, il faut laisser un certain temps pour que l’influence diminue en quelque sorte. Dans les 15 dernières années environ, je ne l’ai pas lu autant. Je crois qu’il n’est pas aussi intéressant pour les adolescents qu’il l’est pour les adultes. Et je crois que certains de ceux qui ne l’ont pas rencontré tout de suite à l’adolescence l’aimeront d’autant plus dix ans plus tard.

lundi 16 avril 2007

"Nuit Hawaïenne"

"Nuit Hawaïenne" : voici un titre qui s'annoncerait comme point de départ d'une aventure quasiment idyllique. Le lecteur s'imaginerait en effet être plongé au coeur de l'histoire de plusieurs protagonistes eux-mêmes déboulés dans des décors dépaysants et paradisiaques.
Mais, au fil des lignes, l'apparence de carte postale se trouve vite révélée sous son vrai visage.
Rick Moody nous décrit en effet une ambiance bon enfant, aux limites du ridicule, de l'américain moyen en vacances, cherchant le divertissement à tout prix et en proie à une insouciance dérisoire. L'exemple parfait est celui d'une vacancière qui meurt noyée, dans l'enceinte même de ce village de loisir, pendant que d'autres, à quelques mètres, se gavent de nourriture bon marché et se dandinent inlassablement jusqu'à l'épuisement.
Au-delà, l'auteur semble dénoncer notre société, de plus en plus individualiste et où les malheurs d'autrui nous indiffèrent tant qu'ils ne se dévoilent pas à nos yeux et également que notre grandissante soif de bonheur se trouve, quant à elle, pleinement assouvie.

Céline K.

Question sur l'utilisation de l'ironie

Why do you use so much irony?
I prefer to think of what I do as ambiguous rather than ironical. I think people understand irony, these days, to imply that the manifest meaning and the "actual" meaning of a sentence are diametrically opposed. That is, people think that I mean exactly the opposite of what I appear to mean. I prefer to imagine that my meanings are ambiguous. They are more complicated than they appear. In this sense, then, I imagine I have multiple meanings rather than a simple manifest meaning, or its opposite. And I write like this, I suppose, because I am constantly being bombarded by cultural language (television, movies, advertisement) that I know to be baldly deceitful. This tends to make me suspicious of some language.
I will look forward to meeting you all in May!


Pourquoi utilisez-vous autant d’ironie ?

Je préfère croire que ce que je fais est ambigu plutôt qu’ironique. Je pense que de nos jours, les gens appellent ‘ironie’ le fait que le sens littéral et le vrai sens d’une phrase soient diamétralement opposés. C’est à dire que les gens pensent que ce que je veux dire est exactement le contraire de ce que je semble dire. Je préfère m’imaginer que ce que je veux dire est ambigu. Le sens réel est en réalité plus compliqué que le sens littéral. Ainsi donc, j’imagine que l’on peut interpréter ce que j’écris de multiples façons et non pas d’une seule façon qui serait littérale, ou bien qui serait son opposée. Et j’écris comme cela, je crois, parce que je suis sans cesse bombardé par la langue des média (télévision, cinéma, publicité) que je considère comme du pur mensonge. Cela a tendance à me rendre méfiant par rapport à une certaine forme de langage. Je serai ravi de tous vous rencontrer au mois de mai.



vendredi 13 avril 2007

Question sur le thème de l'amour

How do you regard the theme of love in DEMONOLOGY?

I'm all for love. But I don't think love is as simple as we are led to believe in, for example, Hollywood cinema. Love is complicated, uncomfortable, and, as the theologian Paul Tillich noted, "to love" is a verb. I don't have much truck with a phrase like "in love." I am more interested in it as an active state, and one that is largely selfless. You love because it makes you better to love, and love is better given than received. (This answer may be very hard to translate, because there's a lot of idiomatic English in it. I apologize!)

Comment considérez-vous le thème de l’ amour dans Démonologie ?

J’aime bien l’amour. Mais je ne crois que l’amour soit aussi simple que ce que le cinéma hollywoodien nous le laisse entrevoir. L’amour est compliqué, inconfortable et, comme le faisait remarquer le théologien Paul Tillich : "aimer" est un verbe. Je ne suis pas très attiré par une expression comme : "être amoureux ". Ce qui m’intéresse plus, c’est cet état en devenir, un amour qui est dépassement de soi. Vous aimez l’autre parce que cela vous rend heureux d’aimer, et d’ailleurs l’amour gagne plus à être donné que d’être reçu.(Cette phrase est peut-être très difficile à traduire, parce qu’il y a des tournures idiomatiques. Je m’en excuse.)




lundi 9 avril 2007

Question sur le mariage et les sentiments

In DEMONOLOGY do you criticize “marriage”?
No, but I think marriage is a mixed blessing.

Why do your characters speak about their feelings so much?
I weren't aware that they did. However: when I was growing up no one much talked about how they felt. Where I come from in the Northeast people are very indirect about their feelings. Perhaps I am rectifying the situation.

Dans DEMONOLOGIE critiquez-vous le mariage ?

Non. Mais je crois que le mariage une bénédiction à double tranchant.

Pourquoi vos personnages parlent-ils autant de leurs sentiments ?

Je ne savais pas qu’ils le faisaient. Cependant, quand j’ai grandi, personne ne parlait vraiment de ses sentiments. Les gens du nord-est, de là où je viens, ne parlent pas de ce qu’il ressentent. Peut-être est-ce que j’essaie de rectifier cette situation.

dimanche 8 avril 2007

Question sur "Les garçons"

Why did you decide to write the story “Boys”?

I didn't really decide. It just happened. It's really a story about how sentences sound. I heard a variation on the matrix sentence of "Boys" at a reading. It came from someone else's story: "Then the boys entered the house." But in that story (a sort of Southern Gothic story), it had a completely different purpose. It was a throwaway line in that writer's story. I made it the centerpiece of mine. I wrote one sentence per day, until I just got too excited and finished up the whole piece.


Pourquoi avoir décidé d’écrire la nouvelle « Les garçons » ?


Je ne l’ai pas vraiment décidé. C’est juste arrivé comme cela. C’est une nouvelle qui parle de comment sonnent les phrases. J’ai entendu des variations sur la phrase-refrain de la nouvelle « Les Garçons » lors d’une conférence. Cela émane de l’histoire de quelqu’un d’autre : « Ensuite les garçons pénétrèrent dans la maison. » Mais dans cette histoire-là (une sorte d’histoire gothique sudiste), cette phrase avait un rôle complètement différent. Dans cette histoire, cette ligne n’avait pas la moindre importance. Alors que moi, j’en ai fait la pièce centrale de la mienne. J’écrivais une phrase par jour, jusqu’à ce que je devienne très excité et que je finisse la nouvelle complètement.


samedi 7 avril 2007

Question sur la deuxième nouvelle

The second short story seem to answer the first one? Is it true or is it just an impression?”

This question I can't answer because I can't remember what the second story is (I am in Cologne at a literary festival today and don't have the book in front of me). I think, however, that there are NO real intentions as regards the relationships between stories in DEMONOLOGY, except insofar as a lot of them have grief in them. But even that was somehow inadvertent. I just couldn't stop talking about grief. Otherwise, you, the readers, make the relationships between the stories. And so far you are doing a good job of it.


La seconde nouvelle semble répondre à la première. Est-ce vrai ou est-ce une impression ?

Je ne peux pas répondre à cette question car je ne me rappelle plus quelle est la seconde nouvelle (je suis à un festival littéraire à Cologne aujourd'hui et je n'ai pas le livre devant moi). Je pense, cependant, qu'il n'y a pas de réelles intentions de ma part en ce qui concerne les relations entre les histoires dans Démonologie, excepté dans la mesure où plusieurs d'entre elles traitent de peine. Mais là encore c'est quelque peu par hasard. Je ne peux pas m'empêcher de parler de chagrin. Par ailleurs vous, lecteurs, établissez les relations entre les histoires. Et jusqu'à maintenant vous faites du bon travail.

Traduction de Tatiana W.