lundi 16 avril 2007

"Nuit Hawaïenne"

"Nuit Hawaïenne" : voici un titre qui s'annoncerait comme point de départ d'une aventure quasiment idyllique. Le lecteur s'imaginerait en effet être plongé au coeur de l'histoire de plusieurs protagonistes eux-mêmes déboulés dans des décors dépaysants et paradisiaques.
Mais, au fil des lignes, l'apparence de carte postale se trouve vite révélée sous son vrai visage.
Rick Moody nous décrit en effet une ambiance bon enfant, aux limites du ridicule, de l'américain moyen en vacances, cherchant le divertissement à tout prix et en proie à une insouciance dérisoire. L'exemple parfait est celui d'une vacancière qui meurt noyée, dans l'enceinte même de ce village de loisir, pendant que d'autres, à quelques mètres, se gavent de nourriture bon marché et se dandinent inlassablement jusqu'à l'épuisement.
Au-delà, l'auteur semble dénoncer notre société, de plus en plus individualiste et où les malheurs d'autrui nous indiffèrent tant qu'ils ne se dévoilent pas à nos yeux et également que notre grandissante soif de bonheur se trouve, quant à elle, pleinement assouvie.

Céline K.

Question sur l'utilisation de l'ironie

Why do you use so much irony?
I prefer to think of what I do as ambiguous rather than ironical. I think people understand irony, these days, to imply that the manifest meaning and the "actual" meaning of a sentence are diametrically opposed. That is, people think that I mean exactly the opposite of what I appear to mean. I prefer to imagine that my meanings are ambiguous. They are more complicated than they appear. In this sense, then, I imagine I have multiple meanings rather than a simple manifest meaning, or its opposite. And I write like this, I suppose, because I am constantly being bombarded by cultural language (television, movies, advertisement) that I know to be baldly deceitful. This tends to make me suspicious of some language.
I will look forward to meeting you all in May!


Pourquoi utilisez-vous autant d’ironie ?

Je préfère croire que ce que je fais est ambigu plutôt qu’ironique. Je pense que de nos jours, les gens appellent ‘ironie’ le fait que le sens littéral et le vrai sens d’une phrase soient diamétralement opposés. C’est à dire que les gens pensent que ce que je veux dire est exactement le contraire de ce que je semble dire. Je préfère m’imaginer que ce que je veux dire est ambigu. Le sens réel est en réalité plus compliqué que le sens littéral. Ainsi donc, j’imagine que l’on peut interpréter ce que j’écris de multiples façons et non pas d’une seule façon qui serait littérale, ou bien qui serait son opposée. Et j’écris comme cela, je crois, parce que je suis sans cesse bombardé par la langue des média (télévision, cinéma, publicité) que je considère comme du pur mensonge. Cela a tendance à me rendre méfiant par rapport à une certaine forme de langage. Je serai ravi de tous vous rencontrer au mois de mai.



vendredi 13 avril 2007

Question sur le thème de l'amour

How do you regard the theme of love in DEMONOLOGY?

I'm all for love. But I don't think love is as simple as we are led to believe in, for example, Hollywood cinema. Love is complicated, uncomfortable, and, as the theologian Paul Tillich noted, "to love" is a verb. I don't have much truck with a phrase like "in love." I am more interested in it as an active state, and one that is largely selfless. You love because it makes you better to love, and love is better given than received. (This answer may be very hard to translate, because there's a lot of idiomatic English in it. I apologize!)

Comment considérez-vous le thème de l’ amour dans Démonologie ?

J’aime bien l’amour. Mais je ne crois que l’amour soit aussi simple que ce que le cinéma hollywoodien nous le laisse entrevoir. L’amour est compliqué, inconfortable et, comme le faisait remarquer le théologien Paul Tillich : "aimer" est un verbe. Je ne suis pas très attiré par une expression comme : "être amoureux ". Ce qui m’intéresse plus, c’est cet état en devenir, un amour qui est dépassement de soi. Vous aimez l’autre parce que cela vous rend heureux d’aimer, et d’ailleurs l’amour gagne plus à être donné que d’être reçu.(Cette phrase est peut-être très difficile à traduire, parce qu’il y a des tournures idiomatiques. Je m’en excuse.)




lundi 9 avril 2007

Question sur le mariage et les sentiments

In DEMONOLOGY do you criticize “marriage”?
No, but I think marriage is a mixed blessing.

Why do your characters speak about their feelings so much?
I weren't aware that they did. However: when I was growing up no one much talked about how they felt. Where I come from in the Northeast people are very indirect about their feelings. Perhaps I am rectifying the situation.

Dans DEMONOLOGIE critiquez-vous le mariage ?

Non. Mais je crois que le mariage une bénédiction à double tranchant.

Pourquoi vos personnages parlent-ils autant de leurs sentiments ?

Je ne savais pas qu’ils le faisaient. Cependant, quand j’ai grandi, personne ne parlait vraiment de ses sentiments. Les gens du nord-est, de là où je viens, ne parlent pas de ce qu’il ressentent. Peut-être est-ce que j’essaie de rectifier cette situation.

dimanche 8 avril 2007

Question sur "Les garçons"

Why did you decide to write the story “Boys”?

I didn't really decide. It just happened. It's really a story about how sentences sound. I heard a variation on the matrix sentence of "Boys" at a reading. It came from someone else's story: "Then the boys entered the house." But in that story (a sort of Southern Gothic story), it had a completely different purpose. It was a throwaway line in that writer's story. I made it the centerpiece of mine. I wrote one sentence per day, until I just got too excited and finished up the whole piece.


Pourquoi avoir décidé d’écrire la nouvelle « Les garçons » ?


Je ne l’ai pas vraiment décidé. C’est juste arrivé comme cela. C’est une nouvelle qui parle de comment sonnent les phrases. J’ai entendu des variations sur la phrase-refrain de la nouvelle « Les Garçons » lors d’une conférence. Cela émane de l’histoire de quelqu’un d’autre : « Ensuite les garçons pénétrèrent dans la maison. » Mais dans cette histoire-là (une sorte d’histoire gothique sudiste), cette phrase avait un rôle complètement différent. Dans cette histoire, cette ligne n’avait pas la moindre importance. Alors que moi, j’en ai fait la pièce centrale de la mienne. J’écrivais une phrase par jour, jusqu’à ce que je devienne très excité et que je finisse la nouvelle complètement.


samedi 7 avril 2007

Question sur la deuxième nouvelle

The second short story seem to answer the first one? Is it true or is it just an impression?”

This question I can't answer because I can't remember what the second story is (I am in Cologne at a literary festival today and don't have the book in front of me). I think, however, that there are NO real intentions as regards the relationships between stories in DEMONOLOGY, except insofar as a lot of them have grief in them. But even that was somehow inadvertent. I just couldn't stop talking about grief. Otherwise, you, the readers, make the relationships between the stories. And so far you are doing a good job of it.


La seconde nouvelle semble répondre à la première. Est-ce vrai ou est-ce une impression ?

Je ne peux pas répondre à cette question car je ne me rappelle plus quelle est la seconde nouvelle (je suis à un festival littéraire à Cologne aujourd'hui et je n'ai pas le livre devant moi). Je pense, cependant, qu'il n'y a pas de réelles intentions de ma part en ce qui concerne les relations entre les histoires dans Démonologie, excepté dans la mesure où plusieurs d'entre elles traitent de peine. Mais là encore c'est quelque peu par hasard. Je ne peux pas m'empêcher de parler de chagrin. Par ailleurs vous, lecteurs, établissez les relations entre les histoires. Et jusqu'à maintenant vous faites du bon travail.

Traduction de Tatiana W.

vendredi 6 avril 2007

Quatrième question : la fin des nouvelles

Is there a unity in the fact that your short stories don’t seem to have a real ending?”

I like the revolution that took place in short fiction under the influence of Chekhov (and, to some extent, Babel), the so-called "slice of life" model of the story, in which it was no longer considered "realistic" to have endings as neat and tidy as you might find in, say, Maupassant. Life is not tidy. Thus I would quarrel with the words "real ending" in the question above, because I think it is the "real ending" that is precisely "unreal" and artificial.

"Le manoir sur la colline"

"Le Manoir sur la colline", la première des treize nouvelles composant le recueil Démonologie nous plonge au coeur d'une névrose typique des sociétés occidentales où les habitants sont animés par des sentiments contradictoires les faisant parfois agir de manière irraisonnée. Le personnage caractérisant le plus ce nouveau phénomène de société est Glenda Manzini, directrice d'une entreprise de célébration de mariage, divorcée et ne croyant absolument pas "à l'institution qui lui faisait gagner son pain", celle ci perdant de sa valeur mais étant toujours très prisée aux États Unis malgré le nombre toujours augmentant de divorces.
J'ai apprécié tout particulièrement cette nouvelle car elle dépeint bien la société dans laquelle nous vivons et toutes ses contradictions. De plus, j'apprécie le style moderne et original de l'auteur qui nous plonge dans une ambiance ambiguë, à la fois angoissante et pleine d'espoir. Par ailleurs, je me suis plutôt attachée aux personnages, ayant presque pitié d'eux quand ils sombrent dans leurs névroses.
"Le manoir sur la colline" est la nouvelle que j'ai préférée.

Amélie D.